Lointain écho de l’image de la patte blanche qui nous vient d’une fable de La Fontaine, « Le Loup la chèvre et le chevreau », « Le Loup et les sept chevreaux » des frères Grimm nous narre la détermination et le caractère d une chèvre qui ne figure même pas dans l’intitulé du titre.
Héroïne en creux, obligée de s’éloigner de ses petits, elle ne manque pas de leur donner des conseils, qui se révèlent inefficaces.
Entre omnipotence et impuissance, mère absente puis de retour, elle n’hésitera pas à éventrer le loup qui a avalé vivants ses chevreaux, mettant à jour l’ambivalence de la nature humaine.
Avec son style ludique et réaliste à mi-chemin entre Savignac et Cassandre, Leupin présente une nouvelle lecture de Grimm se concentrant sur les moments forts de l’action, comme le lui avait appris son métier, exigeant la mise en scène la plus efficace d’un produit en tentant de cibler au plus juste son public.
Il ne négligeait cependant aucun à-côté de l’action pour ses illustrations des contes de Grimm et, confronté au monde de l’enfance, il parsème ses illustrations de détails savoureux et humoristiques.
Matérialisant par des cadrages hardis et des rapprochements audacieux, où se retrouve cette maîtrise de l’image qui l’avait conduit à devenir l’un des plus célèbres affichistes de son temps, il offre un regard nouveau sur ces contes.
Par son découpage des histoires et le choix des scènes qu’il représente, Leupin nous propose comme une lecture active qui séduira à coup sûr les enfants nourris d’images, de cinéma et de dessins animés.
Cette édition, qu’accompagne une mise en pages originale, où à côté de pleines pages illustrées se retrouvent des gros plans, revisite les contes de Grimm et s’impose par sa singularité.