Extrait
Extrait du prologue
Je m’appelle Jasper.
Pourquoi pas Gaspard, comme tout le monde, il faut le demander à mes parents.
Sans garantie de réponse.
Je crois que ma mère avait un oncle dénommé Gaspard qu’elle aimait beaucoup.
Lorsque je suis né, il y a environ seize ans de ça, elle a immédiatement pensé à lui, mais elle n’a pas voulu emprunter son nom sans son accord (ce qui aurait été difficile, ledit Gaspard étant mourant à l’époque).
Je précise tout de suite que ma mère est plutôt bizarre.
J’aurai l’occasion d’y revenir.
Mon père s’est finalement débarrassé du problème (c’est sa spécialité) en lui donnant une dimension internationale (une autre de ses spécialités..
.).
Ils ont donc cousu Jasper, la version anglaise de Gaspard, sur ma layette.
Une chance que Casper soit un gentil fantôme parce que c’est comme ça qu’on m’a appelé jusqu’à la fin de l’école primaire.
J’ai eu droit ensuite, au fur et à mesure que j’avançais vers la puberté, à «J’espère», «J’aspire» et «J’asperge», puis au lycée, l’âge et l’érudition venant, à Jasper le Roi mage et au fameux «Tu crèches où ?
», qui a fait se tordre de rire une cohorte de faux camarades.
S’ils savaient !
Jasper le Mage, brûleur d’encens.
Ils ne sont pas tombés loin.
Mais pas question de magie ni de plantes ce soir.
Je marche dans les rues de Paris désertées par les badauds réfractaires au petit vent d’hiver, les mains dans les poches d’une veste noire en toile huilée (un peu grande pour moi mais je l’adore), ma besace (qui ne me quitte jamais) battant ma hanche, jetant vers les recoins obscurs des regards acérés.