Bilal, le labrador
Ce soir, il fait un temps à se congeler la truffe!
J’irais bien lever une patte près du réverbère, là-haut, sur le pont.
Mais pas question de poser mes coussinets sur le sol glacé!
Je préfère rester le museau, collé là, bien au chaud contre le sac de couchage, qui monte, descend et remonte.
Dedans, un homme respire.
C’est Gustave, mon maître adoré!
Il peut dormir tranquille: nuit et jour, je veille sur lui et sur Charly!
C’est ma grande mission dans la vie, et je le grogne tout net:
– Gare à ceux qui tenteraient d’attaquer mon maître ou qui oseraient kidnapper Charly, mes canines sont prêtes à leur tailler un bon bifteck!
à minuit, mon maître s’est mis à tousser à s’en décrocher la mâchoire.
Il s’est retourné sur son matelas défoncé et a cligné d’un oeil en direction de Charly.
Caché sous sa bâche en plastique, Charly n’avait pas bougé d’un millimètre.
Rassuré, mon maître a sorti les mains de son duvet pour me caresser le dos.
C’est si bon quand Gustave me grattouille le pelage!
Puis il a marmonné avec sa voix bousillée par son gros mal de gorge:
– Tu es ma bouillotte, mon Bilal!